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19 septembre 2021

LE COEUR A L'ECHAFAUD d'Emmanuel FLESCH

 

Le-Coeur-a-l-echafaud

 

Cour d'assises de PARIS. Le procès d'un jeune homme va s'ouvrir et à l'issue de trois jours d'audience, les jurés vont devoir décider de son sort. Walid Z. est accusé de viol. Issu de l'immigration, habitant des quartiers, il est parvenu à échapper à un destin écrit d'avance, à faire de brillantes études et à intégrer une prestigieuse école parisienne. Il est maintenant sur le point de tout perdre. Alors que l'auteur nous parle d'une époque où Facebook côtoie Whatsapp et Tinder, le Président de la Cour d'assises expose aux jurés qu'ils devront décider si la peine de mort doit être appliquée. 

Pendant les trois jours du procès, pendant que s'esquisse le parcours de Walid jusqu'aux faits dont il est accusé, pendant que les témoins viennent décrire un jeune homme ambitieux mais tourmenté, Emmanuel FLESCH dévoile comment et pourquoi, à notre époque contemporaine, la guillotine occupe de nouveau l'espace judiciaire. Ce qui ne pouvait plus jamais arriver s'est finalement reproduit :  l'extrême-droite est arrivée au pouvoir en France, et a appliqué son programme.

Insidieusement mais implacablement, la bête immonde a rampé et gangréné les moindres strates de l'Etat, et la majorité a laissé faire.

D'abord on a classé les immigrés en catégories, celles qui étaient tolérées et celles dont les membres devaient quitter la France. Puis on les parqués dans certains quartiers, avec des couvre-feus et des checkpoints. Et on a parachevé le tout en créant des citoyens de seconde zone, ceux qui ne pourraient pas justifier de trois grands-parents français. 

Emmanuel FLESCH dévoile finalement comment, à l'aune de ces nouvelles règles, tout ce que pourrait dire Walid ou ses proches sera interprété contre lui. Parler de son enfance difficile et d'un père à la main leste, évoquer sa colère après sa circoncision, c'est tracer le portrait d'un gamin qui avait une revanche à prendre sur la vie, et qui a cherché à se venger. Disséquer son journal intime d'adolescent pour tout réinterpréter à la lumière des faits qui lui sont reprochés. Expliquer comment il s'est toujours senti "l'Arabe de service", même en ayant réussi; son sentiment d'imposture permanent. Et surtout son dégoût après la victoire de l'extrême-droite, alors qu'il pensait que la France cherchait seulement et encore à se faire peur. 

L'auteur met en lumière la solitude de l'accusé, totalement impuissant à se défendre face au système implacable qui l'a condamné d'avance. Comment une relation sexuelle entre un jeune arabe tel que lui et une femme mariée issue de la bourgeoisie parisienne pourrait-elle avoir été consentie ? Qu'une femme comme elle ait pu se confondre avec un homme comme lui n'est pas concevable.

La solitude des jurés aussi - du moins encore certains d'entre eux - tirés au sort,  sortis de leur routine quotidienne, pour participer à une Justice implacable qui reste prétendument rendue en leur nom, et les engage. Le poids qu'il devront porter.

Parce qu'il décrit une France très proche de nous dans le temps et ne donne aucunement dans la surenchère, le roman installe un paysage parfaitement envisageable et se referme avec un frisson le long de la colonne vertébrale, pendant que résonne son épigraphe : "Les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas" (Eric VUILLARD, L'Ordre du jour).

ANNE-CE

 

Le coeur à l'échafaud d'Emmanuel FLESCH, paru aux Editions CALMANN LEVY en janvier 2021

 

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